Vous ne le savez peut-être pas, la fraude minière est un mal qu’il faut combattre à tout prix. Elle fait perdre annuellement au pays plus de cent milliards de dollars, selon une étude réalisée par un expert congolais et publiée en 2020. Fort de son potentiel minier, la province du Kasaï Oriental n’est pas épargnée par cette triste réalité. Ce fléau y bat le plein avec toutes les conséquences qui peuvent en découler.
Pour le défenseur des droits de l’homme et spécialiste des questions minières à la société civile du Kasaï Oriental, Maître Justice Tshiamala, la fraude minière se porte bien dans cette province. Pour preuve, il a listé un certain nombre d’indicateurs pour soutenir son affirmation. Il s’agit entre autre de la présence des exploitants artisanaux dans les zones industrielles, la présence des coopératives dans les zones d’exploitation industrielle, la faible production des industriels par rapport à celle des artisanaux, la présence des négociants étrangers à proximité des zones industrielles et la présence des personnes qui touchent aux minerais sans en avoir l’autorisation etc.
Ces actes qui se passent en violation de toute la législation minière en vigueur dans notre pays ne sont pas sans conséquences sur le développement socio-économique de la province.
“Les personnes non éligibles dans le domaine de diamants par exemple ne canalisent pas leurs produits. Leurs colis sortent de la province sans passer par le scellage, ce qui constitue un manque à gagner pour le Kasaï Oriental. Quelle est la contribution du secteur des mines au budget provincial ? C’est presque nul ! Pourtant, le Kasaï Oriental est une province minière”, fait observer le spécialiste des questions minières.
En tant que phénomène social, la fraude minière ne peut pas être éradiquée. Loin delà ! Selon Maître Justice Tshiamala, des efforts devraient être plutôt fournis pour diminuer son ampleur dans la province. Mais certains acteurs déçoivent.
“Au delà de la volonté politique qui se traduit par les lois, les règlements et autres décisions ministérielles, il estime qu’il faudrait une volonté individuelle et collective. Il dit toutefois son regret de constater que la Justice appelée à jouer un rôle majeur dans cette lutte est aux abonnés absents. Elle n’accompagne pas cette lutte dans la recherche et la répression des infractions”, a-t-il souligné.
Et d’ajouter :
“Comparativement aux autres secteurs de la vie nationale qui avancent telle l’Armée et l’Economie, la Justice, elle, régresse laissant à la fraude minière un champ libre et de beaux devant elle.”